Vies déposées est un livre écrit par Tom-Louis Teboul. Ancien avocat au barreau de Paris, cet écrivain a rejoint le mouvement Emmaüs. L’humain l’intéresse et c’est à travers ce roman qu’il va exprimer la misère de la rue avec trois protagonistes plus loufoques et plus intéressants que jamais.
Vies déposées est paru le 1er mars 2018 aux Editions du Seuil.
Vies déposées, et si on en discutait ?
Direction 75018, la Goutte d’Or
C’est l’histoire d’un mec, ou plutôt c’est l’histoire de deux mecs et d’une nana prénommés : Jul, Ernst et Ilmya. Ces trois Sans Domiciles Fixes (SDF) vont nous dévoiler la dureté de la rue et notamment celle de leur quartier, la Goutte d’Or, dans le XVIIIème arrondissement de Paris. C’est leur endroit, ils ont leurs habitudes près du Franprix, au marché de l’Olive, dans la rue Ordener ou au Boulevard Ornano. Une démarcation nette est dévoilée entre la partie gauche et la partie droite du 18ème. Comme le disent si bien ces trois amis, ils fréquentent les quartiers pauvres où tout leur semble plus naturel, contrairement aux quartiers riches, où ils ne se sentent pas à leur aise.
Tom-Louis Teboul nous fait redécouvrir le 18ème arrondissement de Paris à travers le quotidien des trois compagnons : la violence, l’alcool, le sexe, la drogue, le froid et la mendicité.
Qu’en est-il de son écriture et de notre curiosité vis-à-vis des clochards ?
L’écriture proposée convient à l’univers dans lequel Tom-Louis Teboul souhaite nous immiscer : simple, cru et parfois un jargon familier. Tout est fluide et on se laisse bercer par la douceur qu’il met dans cette violence de rue. On s’attache sans réellement s’attacher à ces trois protagonistes, car finalement on a envie d’en savoir plus ce clochard qui traîne dans telle rue ou que l’on croise en bas de tel magasin. On veut le connaître sans l’aborder. On veut l’espionner sans l’approcher. C’est un être qui nous semble si irréel à notre quotidien que l’on en devient curieux, que l’on s’interroge sur ce qu’il fait réellement de sa journée et de si un jour on était à sa place.
L’écrivain ne tente pas de les excuser ni de nous faire ressentir de la pitié, non rien de cela. Cependant, il va réussir avec brio à nous montrer un monde parallèle, auquel nous fermons volontairement les yeux, par habitude peut-être. Il explique clairement à quoi sert l’argent qu’on leur donne : à s’acheter des canettes de bière, du crack… afin de se relaxer, se détendre à leur tour dans un monde qui leur semble intangible et hors du temps. Ils ont leur technique pour obtenir plus d’argent, un vrai rouage qui fonctionne depuis longtemps.
Quand et où le lire ?
Vous me voyez venir ! Bien évidemment, je vous suggère de le lire dans un bar à la Goutte d’Or, de vous y balader et de découvrir les endroits détaillés par l’écrivain. Si vous désirez vous éloigner de cet univers, alors direction les quais de Seine !
Pour aller plus loin, je vous encourage à lire la Discussion avec Tom-Louis Teboul : Un Livre, Un Café et Un Ecrivain.
Pour retrouver la photo, c’est sur Un Livre, Un Café