Les Dieux du tango est un livre écrit par Carolina De Robertis. On s’évade dans un roman sentimental où l’Italie et l’Argentine seront nos principales destinations. On se mélange dans les langues espagnole et italienne car ces deux cultures sont omniprésentes. Carolina De Robertis nous invite à découvrir Leda, une jeune italienne de 17 ans qui part retrouver son cousin-époux en Argentine, à Buenos Aires.
Les Dieux du tango est paru le 18 mai 2017 aux Editions du Cherche midi.
Mon avis sur Les Dieux du tango – Note 3,5/5
Deux pays différents, une même époque, des conditions féminines presque différentes, c’est l’invitation de Carolina De Robertis à découvrir son roman Les Dieux du tango. Je n’ai pas été déçue par cette promesse, notamment celle de la condition féminine en Italie comme en Argentine.
Les Dieux du tango contient un grand nombre de pages (545 pages), ce qui peut effrayer un lecteur occasionnel. Cependant, la lecture est fluide, agréable et nous fait vite oublier cet imposant livre.
Leda, la femme et l’homme
Un village vs Une ville
Tout au long du livre, on ressent les contraintes imposées aux femmes, que cela soit en Italie comme en Argentine. Elles doivent s’occuper de la maison, n’ont pas le droit de s’adonner à une activité artistique telle que jouer du violon, et doivent être une bonne femme au foyer. Le moindre geste, le moindre acte ou la moindre parole, allant à l’encontre des mœurs de la communauté, peut faire bannir une demoiselle/dame. La honte sera jetée sur elle. En Italie, une veuve frôle ce bannissement. Elle couchait avec l’oncle de son mari. En Argentine, c’est une jeune femme qui tente de s’en sortir financièrement en offrant les grâces de son corps.
Au village comme à la ville, de l’Europe aux Amériques, la femme doit être respectable et discrète. Des mœurs qui se sont transportées d’est en ouest et/ou adaptées localement.
Le tango, une danse, une musique
Comme nous le décrit Les Dieux du tango, c’est un art, à l’origine, dansé dans des endroits clos et sombres. Pour faire simple, c’est la danse chaude, caliente où les femmes dansent serrer contre les hommes et où les hommes s’enlacent des femmes pour une quinzaine de minutes. C’est aussi, une musique. Elle est jouée dans les patios de ces conventillos en journée et dans de sombres endroits, la nuit.
Mais voilà, cette musique et cette danse enchantent Leda car elles expriment une liberté qu’elle n’a jamais eu, qu’elle ose à peine toucher. Elle est fébrile, elle est jeune et cherche à trouver une issue à son fatal destin. Le tango, la solution pour elle. Une musique et une danse qui devraient l’emmener vers là où elle a toujours caché l’un de ses profonds désirs : jouer du violon. Elle est douée, elle a une bonne oreille musicale mais elle se heurte déjà à un premier non. Cette musique n’est pas faite pour les femmes, si ce n’est celles qui s’accordent à danser sensuellement avec d’autres hommes le soir.
Car finalement, on comprend qu’à cette époque, cette musique, c’est la leur. Celle de ces hommes qui aiment parler de leurs sentiments positifs comme négatifs. Les femmes ne peuvent pas les comprendre, bien sûr que non. Leda va prouver le contraire, en masquant son corps androgyne sous le costume d’un homme. Elle va se battre en permanence pour cacher son vrai sexe.
Une sexualité non avouée
Un secret qu’elle supporte de moins en moins car bien qu’elle assume d’être cet homme, Dante, elle doit trouver différentes astuces pour masquer sa réelle identité. L’une des plus grosses épreuves est quand elle commence à fréquenter des femmes. Elle souhaite montrer que ‘El Chico’ sait aussi donner du plaisir à ce sexe. En vérité, elle ressent profondément l’envie de tenter des expériences sexuelles avec d’autres femmes. Un penchant qu’elle a toujours eu et notamment envers sa cousine Cora. Elle refoule cette sexualité car il est compliqué de sortir de ces traditions étouffantes, que la vie du début du XXème siècle a imposé. Pourquoi ? Sous peine de honte pour elle et sa famille, de bannissement, d’exécution.
Finalement, elle s’en accommode très bien d’être Dante car elle découvre cette liberté qu’elle n’a jamais eu. Cette jeune fille presque prude qui peut jouer de la musique et coucher avec des femmes. Elle se découvre au fur et à mesure du temps et elle commence, enfin, à accepter sa réelle sexualité.
Mais cela commence à devenir difficile pour elle d’avoir une liaison avec une autre femme, tout en lui cachant qu’elle n’est pas un homme. Là aussi, on sent que ça la peine. On sait qu’elle ne pourra jamais avoir de vraies et longues relations basées sur le mensonge. Et même si elle disait la vérité, tout s’écroulerait autour d’elle. Que deviendrait-elle ?
Le style d’écriture
L’histoire m’a plu, elle ne m’a pas enivré mais elle m’a plu. Je garde un sentiment positif des Dieux du tango car il a su me transporter et me faire imaginer une tout autre vie que la mienne. J’ai pu dessiner clairement tous ces paysages et personnages grâce aux descriptions.
Carolina De Robertis possède un style net, clair et fluide. Tout est cohérent et on se laisse voyager, par ses longs paragraphes, dans un monde magique. Le descriptif y est beaucoup présent mais il nous aide à nous sortir parfois de ce monde dans lequel est Leda, pour nous intéresser à des points plus précis de la vie argentine.
Quand et où le lire ?
A lire dans un avion nous emmenant en vacances.
Pour retrouver la photo, c’est sur Un Livre, Un Café