Marie-Antoinette est souvent citée comme l’icône de mode, la reine de la mode… Mais que savons-nous réellement des robes que la dernière reine de France portait ? Du grand habit de cour, de la robe à la française, celle à la polonaise ou bien la robe à l’anglaise, découvrons ensemble avec Sylvie Le Bras-Chauvot, auteure de Marie-Antoinette l’affranchie, les tenues, les couleurs et le style vestimentaire de Marie-Antoinette.
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– Les habits de cour de Marie-Antoinette
– Les autres robes de la reine
– Les tissus, couleurs et ornements préférés
La garde-robe de Marie-Antoinette : les habits de cour
Avant d’entrer plus vivement dans le sujet, il est important de dire que Marie-Antoinette pouvait se changer au minimum trois fois dans une journée et possédait, ainsi, de nombreuses robes de différents types. La garde-robe saisonnière des reines ou des princesses se renouvelait trois fois par an.
Marie-Antoinette possédait 108 pièces annuelle dont 23 grands habits d’étiquette, 32 polonaises, 50 robes riches « toutes neuves », en 1780.
Le Grand Habit de cour
Le grand habit d’étiquette ne se porte qu’à la Cour de Versailles.
Le grand habit traditionnel
Le grand habit était réservé à une élite : les membres de la famille royale, les dames titrées de la cour.
Ce grand habit était, quotidiennement, obligatoire face au roi lors des représentations.
Selon Catherine Pégard, Directrice du Château de Versailles, il était « constitué d’un manteau fleurdelisé à revers en hermine, d’une ample robe à panier de satin ou de soie somptueusement ornée de rubans, de fleurs et de perles. »
Il était construit d’un grand corps, d’un bustier de forme conique à décolleté oval, fortement baleiné et lacé dans le dos.
Un bas de jupe porté par un grand panier. La toile pouvait mesurer jusqu’à 7 mètres. A l’origine de ce grand panier, il maintenait à distance les individus des personnes bien nées. Il servait, également, à poser les bras lorsqu’on ne savait pas quoi en faire.
La queue était fixée au grand corps autour de la taille, formant ainsi une traine.
Le Grand Habit de cour revisité par la reine
Comme le cite Sylvie Le Bras-Chauvot dans son livre : Marie-Antoinette revisita le grand habit de cour.
Les épaulettes qui lui sciaient les aisselles furent remplacées par des mancherons. Le panier ne pouvait être supprimé, mais ses larges coudes disparurent.
La jeune reine apporta « l’esprit aérien des robes informelles ». Elle épousseta les brocarts, damas, lampas à ramages sophistiquées. Elle les remplaça par les ornementations de Rose Bertin.
Les manufactures lyonnaises
Marie-Antoinette dévalorisa un savoir-faire unique au monde : les manufactures lyonnaises. Elles faisaient briller, dans le passé, la mode française dans toute l’Europe avec leur tissu porté sur les grands habits de cour.
La reine en possédait quelques-unes pour les représentations et devait se montrer au moins une fois par semaine avec ces robes, malgré son intérêt portant sur de la modernité.
Les lyonnais en voulurent beaucoup à la reine, l’inculpant de leur baisse de revenus.
L’habit de cour
La robe à la française
Lorsque les représentations officielles furent terminées, Marie-Antoinette pouvait se changer en une tenue plus « confortable » : la robe à la française.
Selon Catherine Pégard, ce furent « d’immenses robes à panier couvertes de falbalas, de perles, de pierreries et de strass font ainsi le faste des cérémonies de cour. »
La robe à la française se composait de 3 pièces :
1. Le manteau de robe avec son dos plissé, dit à la Watteau. Lors des danses, on la relevait et on la plaçait dans de longues poches sur le côté de la robe.
2. le jupon, l’équivalent de notre jupe, qui était obligatoirement coordonnée avec le manteau.
3. la pièce d’estomac, en triangle inversé permettait de fermer le manteau sur le devant du buste.
Une robe à la française ne peut se nommer, ainsi, que si et uniquement si on retrouve un pli dans le dos. Souvent appelé le pli Watteau, dont le peintre en illustra dans ses oeuvres bucoliques.
La robe portée dans le portrait de Marie-Antoinette à la rose est un exemple de robe à la française revisitée par la reine.
La robe à la française revisitée par la reine
La robe à la française trouva son apogée sous la favorite de Louis XV, Madame de Pompadour. Madame du Barry, lui préféra des modèles plus originaux. Sous Marie-Antoinette, en tant que reine de France, la robe à la française fut à son tour revisitée.
La reine l’avait si bien modifiée qu’elle ne possédait plus les attributs d’une robe à la française, si ce n’est le fameux pli dans le dos.
La robe à la piémontaise apparut dès 1775, puis ce fut la pièce d’estomac qui fut supprimée, le décolleté s’arrondit, les manches devinrent collantes épousant, ainsi, le bras.
Comme nous l’explique Sylvie Le Bras-Chauvot, la robe à la française était très large au début, et avec le temps elle se rétrécit.
Marie-Antoinette la fit presque disparaître et dû y revenir sous le feu des critiques.
Les corps à baleines
Marie-Antoinette les détestait, si bien que l’affaire remonta jusqu’à Vienne. L’impératrice dut s’en mêler / s’impliquer dans cette histoire afin de soutenir sa fille.
Les corps à baleines et le Grand Habit de Cour
Dans le Grand Habit de cour, nous pouvons retrouver le grand corps.
Il était si baleiné que la morphologie, la silhouette ou l’attitude pouvait en être modifiée.
Les épaules étaient rejetées en arrière, la poitrine était écrasée, la taille extrêmement bien serrée tout en s’allongeant en pointe sur le ventre.
On obtenait une gorge de pigeon en V. Les aisselles étaient mises, également, à l’épreuve car des emmanchures étriquées gênées cette aisance. On y accrochait des épaulettes, qui elles-mêmes étaient cousues à des manches.
Ce corps plein était une réelle contrainte et une épreuve physique !
Marie-Antoinette adoptait plus régulièrement des corsets et non des grands corps.
Les corps à baleines et les robes à la française
Pour les robes à la française, la jeune reine pouvait porter trois déclinaisons de corps à baleines, allant du plus strict au moins strict :
1. Entièrement baleinée
2. Demi baleinée
3. Sans aucune baleine, une pièce de bois la remplaçait dans une poche intérieure afin de donner un semblant de corps à baleines.
La garde-robe de Marie-Antoinette : les autres robes
Ci-dessous vous trouverez les évolutions des robes portées par Marie-Antoinette en fonction de son temps, de sa personnalité et de ses envies.
La robe à la polonaise
La robe à la polonaise était déjà surement portée avant que Marie-Antoinette devienne reine.
Elle eut un succès car elle fut portée durant de nombreuses années. Elle était constituée dans des étoffes plus légères, car ceux utilisés par la Cour étaient lourds, typiques des des tissus d’ameublements. Il était possible de réutiliser le tissu d’une robe pour en faire des garnitures de fauteuils ou de canapés.
Un corps demi baleiné, un cul qui était une tournure au niveau des reins et donnait une silhouette vaporeuse, et un manteau relevé par des coulisses, ce qui formait trois sortes de queue.
Dans le film Marie-Antoinette de Sofia Coppola, vous pouvez trouver ce type de robe.
La lévite, robe de grossesse pour Marie-Antoinette
Cette robe fut créée pour Marie-Antoinette durant sa première grossesse par Rose Bertin. Le métier de marchande de modes était, par exemple, d’orner certaines parties des habits et non de créer des robes.
Elle est faite d’un manteau de robe souple, d’un jupon en accord avec le manteau ou non.
Ainsi, on imagine un plus grand confort, d’autant plus durant une grossesse, que les robes étriquées de la cour.
Cette peinture date de l’année de naissance de Marie-Thérèse. La robe peinte est une lévite comme le souligne le Château de Versailles dans la mode et Versailles.
La robe à l’anglaise
L’étiquette chez la noblesse britannique était différente. Les lords vivaient dans leur propriété de campagne et ne venaient à la Cour que pour des événements particuliers. Il n’y séjournaient pas, ainsi les robes étaient plus épurées et plus fonctionnelles.
Chez les britanniques, cette robe était appelée ‘robe française’.
Les français ont ajouté cette note parisienne à la robe à l’anglaise : un manteau de robe sans pli et qui pouvait être entièrement fermé, pas de pièce d’estomac, le jupon pouvait être dépareillé du manteau. Cependant cette coupe en fourreau avait la particularité d’avoir un buste renforcé par une baleine centrale, dont la pointe finissait entre les reins.
Elegante, longiligne, elle mincit la taille, les manches sont plus basses. La robe à l’anglaise est plus moderne.
La robe en chemise
Sylvie Le Bras-Chauvot a travaillé particulièrement sur la robe en chemise de Marie-Antoinette.
C’est une robe moderne, faite d’un seul tenant (une seule pièce de tenue), on la porte sans corps baleiné. Elle était faite en mousseline (coton) ou en linon (lin).
Appelée, également, chemise en gaule, Sylvie LBC réfute ce mot de « en gaule ». Dans la périodique de mode, jamais la mention « de gaule » fut inscrite.
Il était dit soit « robe en chemise à la reine » ou « robe en chemise ».
Cependant, dans un document de formulaire de blanchissage, il a été marqué « parure de lit » et « gaule ». Le terme gaule était, ainsi, associé au lit de chambre. les détracteurs l’ont surement utilisé pour insinuer que la reine était en chemise de nuit.
Cette robe eut un succès colossale dans tous les milieux sociaux (sauf le petit peuple pauvre) et dans l’Europe entière. En effet, la robe à la chemise libérait les contraintes corporelles (corps baleinés…).
La redingote
De son terme anglais ridding-coat, ce mot provient de l’utilisation de monter à cheval, ce dont Marie-Antoinette adorait faire. Il sera francisé par ‘redingote’.
Elle adora la redingote et en posséda une large quantité dans sa garde-robe.
La tenue de cette peinture est une combinaison entre la redingote et la robe en chemise.
Pendant la Révolution, elle deviendra un vêtement très porté (notamment celles à rayures).
Les tissus, couleurs et ornements préférés de la reine
Les tissus portés par Marie-Antoinette
Selon la gazette des atours de 1782 et 1784, la garde-robe se composait de tissus unis. Les motifs, quand il y en avait, restaient très discrets, petits ou fondus.
Les couleurs : lilas, rose, bleu…
Marie-Antoinette portait du bleu ciel ou du rose, mais aussi beaucoup de demi-teintes avec des gammes de rose, de lilas (tournant vers le violacé) et de bleu.
Une couleur devint à la mode : la couleur puce. En 1775, la reine ayant choisi une robe de taffetas d’une couleur rembrunie, Louis XVI se serait amusé à dire : « c’est couleur puce ». Elle devint, par la suite, très à la mode.
Marie-Antoinette adoptait également : du rouge (après 1780) et des rayures.
Durant la Révolution, exceptionnellement ce fut du vert, du marron et beaucoup de violet.
Les garnitures
Marie-Antoinette avait une préférence pour de la blonde, qui est une dentelle de soie au fuseau et qui est, également, la plus onéreuse. Son nom provient de la teinte jaune, car la soie ne se blanchit pas aussi facilement que les autres matières.
Les plumes furent l’une des garnitures que Marie-Antoinette adorait porter.
Elle avait une affection particulière pour les fleurs, peut-être était-ce dû à son enfance dans les jardins botaniques ?
Elle avait en admiration les fleurs des champs tels que les épis de blés, les bleuets, les marguerites, les coquelicots…
La rose, impossible, d’oublier cette fleur !
Ces éléments de la nature se retrouvaient à la fois dans le mobilier, ses broderies, ses tenues, ses tableaux…
A l’âge de trente ans, qui était considéré selon Marie-Antoinette comme un âge avancé, elle se freina sur les fleurs artificielles et les transformera en broderie.
Sources :
Discussion et livre de Sylvie Le Bras-Chauvot, Marie-Antoinette l’affranchie.
Château de Versailles & Google Art https://artsandculture.google.com/exhibit/lwLSVueXWLR3Ig
Gazette des journaux français
Pod Cast Franck Ferrand : Marie-Antoinette icône de mode
Les favoris de Marie-Antoinette, Secrets d’Histoire