Les femmes qui écrivent vivent dangereusement est un livre écrit par Laure Adler & Stefan Bollmann. Cet ouvrage illustre de nombreuses auteures, qui ont fait la littérature française comme étrangère. Les auteurs catégorisent une cinquantaine de femmes par des sujets qui les caractérisent et non par siècle. Ce beau livre est bien plus qu’une anthologie d’écrivaines, c’est un hommage aux femmes et à ces femmes.
Les femmes qui écrivent vivent dangereusement est paru le 1er mars 2017 aux Editions Flammarion.
Mon avis sur Les femmes qui écrivent vivent dangereusement – Note 4,5/5
Le titre interpelle. On ne sait pas si on a envie de l’ouvrir délicatement ou précipitamment. On désire prendre son temps pour s’imprégner de chacune des écrivaines, mais en même temps on souhaite tout lire, tout, tout de suite.
Il n’y a rien de plus merveilleux que de parcourir les nombreuses femmes qui ont également fait la littérature.
L’écriture pour les hommes
Une pièce à soi
On y est, on le dit. A l’origine, la littérature n’était pas un loisir pour les femmes. Leur devoir était plutôt dédié à l’entretien de la maison. C’est terrible quand on y pense. Les femmes, qui pensaient, effrayaient. Elles étaient trop sentimentales, trop de tout si on devait écouter les hommes de l’époque. Alors pour celles qui voulaient exprimer, par hasard ou par envie, leurs sentiments sur papier, elles devaient prendre soin à ne pas se faire prendre.
Il existait, souvent, une pièce dans la maison dédiée à l’usage des activités quotidiennes : manger, lire, écrire, prendre le thé etc. Cette pièce était pour ainsi dire un endroit de passage. L’intimité n’était pas au rendez-vous ou rarement au rendez-vous. Pourtant, c’est ici, que certaines des œuvres ont été rédigées. C’est ici où ces femmes prenaient soin de cacher furtivement leurs écrits sous d’autres papiers, quand leur mari ou quelqu’un d’autre pénétrait la salle. Que serait-il passé s’ils avaient découvert le pot aux roses ?
A lire, Mrs Dalloway de Virginia Woolf.
Les sentiments
Dans ce livre, les auteurs nous informent que les femmes étaient plus douées pour parler de sentiments, de choses palpables du quotidien. Pourquoi ? Parce qu’elles étaient sociables, elles discutaient, écoutaient, échangeaient avec telle ou telle dame. Les hommes n’entendaient pas la raison de leurs « jacassements ». Ils trouvaient cela ridicule et d’une perte de temps. Pourtant, c’est en devisant, c’est en s’intéressant à l’autre, à ses expériences, à ses sentiments que l’on se bâtit, que l’on s’instruit, que l’on devient meilleur. A plusieurs, tout fonctionne. Voilà comment certaines œuvres sont nées, basées sur des échanges, sur des écrits lancés sur une feuille de papier dans une pièce traversante. Voilà comment les sœurs Brontë, par exemple ont su relever le défi. Jane Austen aussi a rédigé des romans où les sentiments, les relations sociales étaient très présentes : Persuasion, Orgueil et Préjugés. Elle dévoile aussi une Elizabeth Bennet qui n’a pas froid aux yeux et qui clame haut et fort ce qu’elle pense. Elle fait de sa vie ce dont elle en a envie. Elle revendique son indépendance et ses envies comme un homme de l’époque.
Chacune est unique
On soulignera que chacune des ces auteures sont, bien entendu, uniques. Chacune a transcrit leurs pensées, leur monde, leur personnalité dans leurs œuvres d’une manière ou d’une autre.
Laure Adler & Stefan Bollmann les ont classé dans une catégorie propre à ce qu’elles sont :
- Les aïeules des écrivaines : Hildegarde de Bingen (1098 – 1179) …
- Les antipodes du sentiment : Madame de Staël (1766 – 1917), Bettina Von Arnim (1785 – 1859), George Sand (1804 – 1876), Jane Austen (1775 – 1817) …
- La découverte de l’enfance : Beatrix Potter (1866 – 1943) …
- Des parcours excentriques : Colette (1873 – 1954), Virginia Woolf (1882 – 1941), Agatha Christie (1890 – 1976)
- Audace : Anne Franck (1929 – 1945), Lilli Jahn (1900 – 1944) …
- L’invention de la vie : Dorothy Parker (1893 – 1967), Anaïs Nin (1903 – 1977), Simone de Beauvoir (1908 – 1986) ou Françoise Sagan (1935 – 2004) …
- Voix féminine de la littérature mondiale : Doris Lessing (1919 – 2013), Toni Morrison (1931 – ) ou Arundhati Roy (1961 – ) …
Mon passage préféré est celui dédié à Simone de Beauvoir : « Pour Simone de Beauvoir, la vie était une entreprise qui se dirige vers un but ; si on voulait l’atteindre, il était indispensable de voir la réalité en face et de ne pas se dissimuler sa dureté. Elle prenait soin de choisir ses mots, s’agissant notamment de son contrat avec Sartre… ».
Quand et où le lire ?
Lorsque le temps est pluvieux, chez soi avec un plaid et une bonne grande tasse de café chaud.
Pour retrouver la photo, c’est sur Un Livre, Un Café