Le livre Le Parrain ne peut être compris que lorsque l’on s’intéresse à Mario Puzo. En combinant la trilogie cinématographique Le Parrain de Francis Ford Coppola, on ajoute une analyse plus intéressante à la lecture du livre, à Mario Puzo (scénariste des Parrains) et à la culture sicilienne.
Du film Le Parrain…
J’ai découvert le film Le Parrain (I) lorsque j’avais 15 ans. J’en suis tombée amoureuse, si bien que je me suis empressé de louer les deux autres films qui complétaient la trilogie.
Depuis, j’ai revu un bon nombre de fois la trilogie de Francis Ford Coppola, assez pour en connaître certaines répliques par coeur. Cependant, je ne sais pas si cela était dû à un manque d’attention, à une curiosité timide ou à une naïveté de la vie, mais il manquait quelque chose à la compréhension finale de cette trilogie.
Une trilogie dont des éléments manqués
Certains éléments importants me paraissaient incompréhensibles : Pourquoi l’entreprise d’huile d’olive Genco avait-elle été créée ? Pourquoi Fredo avait-il été envoyé à Las Vegas ? Le temps était aussi une énigme : combien de temps s’était-il écoulé exactement entre le Parrain II et le Parrain III ? Michael, Connie et Kay me paraissaient si vieillis alors que Marie et Anthony semblaient encore si jeunes.
Egalement, des personnages sont réapparus et dont je n’arrivais plus à faire le lien entre Le Parrain I, Le Parrain II et Le Parrain III. Ainsi, lorsque Lucy Mancini réapparait dans le troisième volet, je ne la situais plus dans l’histoire. Ce personnage était si peu marquant pour moi dans le I, qu’elle en était devenue une inconnue. On revoit aussi l’un des gardes du corps sicilien de Michael Corleone dans le I et le III, mais là encore je n’avais pas saisi que ce fut le même personnage.
La Sicile et les livres de Puzo pour mieux comprendre Le Parrain
Ainsi, j’ai parcouru la Sicile afin de m’imprégner de leur histoire. Je m’étais même rendu à Corleone, la ville natale de Vito Corleone (bien que les shootings n’ont jamais eu lieu là-bas). Toutefois, il manquait encore quelque chose.
A l’époque, je ne désirais pas m’imprégner du livre au titre éponyme. J’estimais que cela n’apportait guère un plus. Cependant, depuis quelques années, la lecture m’est devenu un moyen inévitable pour m’enrichir de l’Histoire et des richesses de ce monde.
Ainsi, lors d’une de mes recherches sur les Borgia, j’ai découvert Le sang des Borgia de Mario Puzo et c’est à cet instant, que j’ai commencé à comprendre cette culture sicilienne et mafieuse.
Les Borgia est une famille espagnole qui s’est implanté à Rome au XVème siècle. Rodrigo Borgia est devenu le pape Alexandre VI. Ses enfants furent, pour lui, le plus beau trésor du monde, si bien qu’il tenta de les protéger et de les élever dans la société.
… Au livre Le Parrain
Lire le livre, après avoir vu les films me semble avoir été finalement un choix judicieux. En effet, le livre est dense et réunit de nombreux petits détails qui peuvent sembler, à l’instant, insignifiants à la mémoire. Cependant, ils apparaissent dans les 3 films et n’y sont pas expliqués.
Ces détails prennent, ainsi, une importance plus grande lors de la lecture (termes en italien et mafiosos, réflexion et agissements de tel ou tel personnage…).
L’inspiration de Mario Puzo : l’Italie et les Borgia
Mario Puzo est originaire d’Italie, Naples. Ses parents ont immigré à New York, Manhattan. Il fut, ainsi, baigné dans deux cultures : américaine et italienne.
Dans ses livres, on ressent cette double culture et notamment dans le Parrain. Dans Le sang des Borgia, une double culture est également présente car les Borgia furent des espagnols ayant immigré en Italie.
Ainsi, comme je le disais, je commençai à découvrir le livre sur les Borgia. Sa version de l’histoire compléta les précédents ouvrages lus sur cette famille. Et son livre me plut. Il adorait cette famille de catalan et s’en est surement inspiré pour écrire Le Parrain.
Le livre, Le Parrain
L’homme me plut et j’ai décidé de m’imprégner du livre Le Parrain. Chose étrange pour moi, car je connaissais « par coeur » la trilogie, qu’allais-je apprendre de plus ?
En lisant le livre, je savais que mon imagination allait être en partie avortée. En effet, les images du film, des personnages ne cessaient de me revenir en tête lorsque je découvris les lignes du Parrain. Cependant, je fus surprise par de nombreux détails, que j’estimais manquant à la compréhension plus parfaite du film tels que les origines de cette fameuse entreprise Genco.
J’ai, également, été surprise par le nombre de « livres » qui ont constitué Le Parrain. Chaque livre dévoile un personnage et sa situation à un moment donné. Ainsi, on comprend les origines du Don Vito Corleone, ce dont Francis Ford Coppola et Mario Puzo vont dévoiler dans le deuxième volet du Parrain. Le rôle de Kay Adams, la femme de Michael Corleone, est bien plus complet et bien moins transparent. On apprend d’où elle vient, comment elle a rencontré Michael, comment ils se sont réellement retrouvé. Mario Puzo creuse également les personnages de Johnny Fontane (filleul du parrain) et de Lucy Mancini (maîtresse de Sonny Corleone et mère de Vincent Mancini dans le Parrain 3) en Californie.
Egalement, Mario Puzo donne plus d’explications aux agissements de Vito et de Michael Corleone, aux expressions typiques italiennes « pezzonovante« , les « matelas » (ce dont on ne comprend pas la signification directe dans le film)…
A la suite de ma lecture, j’ai revu la trilogie du Parrain, et tout avait une signification différente.
Les personnages, peu définis à l’écran, me semblaient enfin plus compréhensibles. Lucy Mancini et son fils Vincent, le garde du corps Al Neri, le garde du corps de la Sicile devenaient une évidence.
Egalement, je compris pourquoi Vincent Mancini est devenu ce Parrain, pourquoi il était présent sans être présent dans la vie de Michael Corleone et pourquoi il ressortait (un peu de nul part).
Mentionné dans le film mais non dans le livre : Les Borgia
Dans le dernier film, ne sommes-nous pas en Italie et en Sicile ? Au Vatican, dont la corruption fit un scandale dans les années 80 ? Les origines de cette mafia n’était-elle pas née des papes, voir depuis l’assassinat de Jules César ? Dans Le Parrain 3, on revient aux Borgia et/ou à l’origine de la mano negra/main noire : l’Italie, le Vatican.
Michael Corleone va s’y confronter et comprendre que le business est les business, aussi au Vatican, et qu’il ne pourra jamais se sortir de la pègre.
Michael Corleone ne cite-il pas le temps des Borgia en sortant de cette réunion scandaleuse ? Ne se fait-il pas rattraper par le fils religieux de Tom Hagen, qui lui dit que ce temps est révolu ? Alors qu’en réalité, cela n’a jamais cessé.
Pour Mario Puzo, les papes étaient les premiers Don, et celui qui en fut le plus grand, à ses yeux, était le pape Alexandre VI, Rodrigo Borgia.
Il existe beaucoup de ressemblances entre ces deux familles tout au long du livre de Mario Puzo (Le Parrain et Le sang des Borgia).
Il y a : le padre qui aime profondément ses enfants, L’ascension du fils prodige, la soeur qui devient plus calme avec l’âge, le fils qui ne contrôle pas sa colère, le fils un peu niais…
Ainsi, il était d’une évidence que le parallèle entre Le Parrain et Les Borgia devait se faire.