Comment pouvons-nous être certain de savoir que Marie-Antoinette et Axel de Fersen ont entretenu pendant plus d’une dizaine d’années une histoire d’amour et de passion ? La presse surnomme le comte de Fersen « le chevalier servant » de la reine de France, mais si son rôle allait-il bien au-delà ? Qu’apprenons-nous réellement de ce couple, que je qualifie, d’emblématique ?
Découvrons-le ensemble (vous pouvez cliquer sur les liens qui vous intéressent) :
- Le couple Marie-Antoinette et Axel de Fersen
- La correspondance secrète
- Axel de Fersen, son rôle au sein du couple royal
Marie-Antoinette et Axel de Fersen : le couple
Chevalier servant ou Prince charmant ? Ami ou Amant ? La correspondance secrète, que Marie-Antoinette et Axel de Fersen ont entretenu, permet de prouver bien des choses sur leur relation, leurs sentiments et leur attachement. Cette romance épistolaire permet, également, de supputer bien des éléments sur la vie intime de la reine de France et sur sa famille.
La rencontre masquée au bal de l’Opéra de Paris
Le 19 novembre 1773, Axel de Fersen est présenté à la famille royale à Versailles. Il était en train d’être formé en faisant son Grand Tour du continent. A cet instant, Marie-Antoinette n’est encore alors que dauphine. Il se présentera, par la suite, régulièrement aux bals de la dauphine.
C’est le 30 janvier 1774, au bal de l’Opéra de Paris que Marie-Antoinette et Axel de Fersen parleront longuement. Il ne la reconnaitra pas sur l’instant car c’est un bal où tout le monde est masqué. En effet, le bal de l’Opéra est l’un des plus connus du Carnaval de Paris. Il notera, en février, dans son journal : « je n’allais qu’aux bals de Mme la dauphine« . Il quittera Paris le 12 mai, soit deux jours après la mort de Louis XV.
Axel de Fersen reviendra à la cour de Versailles le 25 août 1778. Il écrira dans son journal la fameuse phrase que prononça la reine en le revoyant « Ah ! c’est une ancienne connaissance. Le reste de la famille ne me dit pas un mot. »
En 1779, il intègre le cercle intime de la reine, qui lui accordera beaucoup d’attentions. Des jalousies en naîtront.
Le début de leur relation
Axel de Fersen sera envoyé en Amérique de 1780 à 1783. A son retour, il paraît vieilli de 10 ans. Cela aurait apparement touché la reine de France. A partir de cet instant, leur liaison commencera. Axel de Fersen fera en sorte de rendre des visites intimes à la reine comme le 15 juillet 1783. Il confira 15 jours après (30/07) à sa soeur, Sophie : « je ne puis être à a seule personne à qui je voudrais être, à la seule qui m’aime véritablement, ainsi je ne veux être à personne. »
Un amant qui vivait au plus près de la reine
A partir de cet instant, Axel de Fersen fera en sorte d’être au plus près de la reine en s’installant tant qu’il le peut à Versailles. Il prendra, parfois, logement dans l’hôtel de Luynes, près des appartements de la reine. Il aura, également, sa place au-dessus des appartements de Marie-Antoinette, où il sera caché afin d’être près d’elle.
Egalement, lors de certains moments de l’année où la cour est moins présente, Axel de Fersen et Marie-Antoinette vivront leur amour au Petit Trianon. Ces deux êtres sont inséparables, ils se comprennent et pour Axel de Fersen, Marie-Antoinette représente la femme parfaite : douce et aimante.
Pour dissimuler les doutes, le comte continuera à se montrer en société, à se rendre à son régiment à Valenciennes.
Louis XVII était-il l’enfant de Marie-Antoinette et de Fersen ?
Cette relation est discrète mais tout de même visible de certains. Pourtant aucun scandale ne jaillira, bien qu’à la Révolution les enragés discuteront de la relation intime de ces deux amants. La paternité du duc de Normandie (Louis XVII) soulèvera le doute : Axel de Fersen en est-il le père ?
Tout l’affirme, les rumeurs courent. Craufurd, ami intime de Fersen, écrira une note en marge à William Pitt et Lord Grenville le 3 août 1791 : « Ce gentilhomme était colonel du Royal Suédois ; il était le principal favori de Sa Majesté Très Chrétienne et passe généralement pour être le père du dauphin actuel. » Craufurd était un ami personnel de Fersen. Il n’aurait jamais dit ces mots au Premier Ministre britannique si la chose n’était pas fondée.
Le 19 juillet 1784 Fersen quitte Versailles. Le 27 mars 1785 le dauphin, duc de Normandie, naît. D’ailleurs Louis XVI ne dira pas « mon fils », comme pour son premier fils, mais emploiera un certain détachement dans ses paroles.
Le portrait de Louis XVII est souvent comparé à celui de Fersen et de sa famille, mais aussi à Louis XVI, dont le visage et le nez moins gracieux ne pouvaient correspondre.
La correspondance secrète et codée
Une correspondance amoureuse : Marie-Antoinette et Axel de Fersen, des âmes soeurs
De ce que nous savons, c’est à partir de 1783 que la correspondance entre Axel de Fersen et Marie-Antoinette débute.
Le comte suédois détient un registre où il note toutes les lettres reçues et envoyées à sa bien-aimée en la qualifiant sous un autre nom :
- Joséphine, pour les lettres intimes
- Reine de France pour les lettres officielles / diplomatiques
Les lettres sont souvent surveillées et/ou lues par des tiers et Marie-Antoinette, qui connaissait déjà les techniques de codage, va entretenir avec Axel une correspondance codée et complexe. En effet, ils vont user de diverses techniques :
- En chiffre : ils utilisaient le premier mot d’une page d’un livre qu’ils avaient en commun (il fallait que cela soit la même édition pour s’assurer d’avoir le bon), puis à travers une table chiffrée ils décodaient le message
- Encre invisible ou en blanc : à travers une potion apothicaire, on pouvait faire jaillir l’encre invisible. Ils pouvaient également utiliser la manière la plus classique avec le citron et la chaleur, mais elle était trop facile à user.
Le système était très complexe et je vous invite à lire Marie-Antoinette et le comte de Fersen La correspondance secrète de Evelyn Farr, où l’auteure explique en détail le système de chiffrage des amants.
Ce système demandait beaucoup de temps et d’énergie. D’autant plus que certaines lettres pouvaient se perdre. Ainsi, ils inscrivaient régulièrement le numéro de la lettre qu’ils envoyaient afin de s’assurer qu’ils recevaient bien toutes les lettres.
Lorsque la Révolution éclatera et que Marie-Antoinette sera enfermée, ils utiliseront plus que jamais ce système de lettres codées.
Quelques extraits de la correspondance et de leur attachement mutuel
Dans son carnet, Axel de Fersen note la date du 15/07/1783. Date qu’il se souviendra et qui marque leur amour réciproque. C’est un acte fort d’inscrire, ainsi cette date, cela représente son intérêt d’un homme comme lui pour Marie-Antoinette.
De Marie-Antoinette à Axel de Fersen le 29 juin 1791 : « J’existe mon bien aimé et c’est pour vous adorer. (…) Adieu le plus aimé des hommes. »
De Axel de Fersen à Marie-Antoinette le 29 octobre 1791 : « Adieu ma tendre amie, je vous aime et vous aimerai toute ma vie à la folie. »
Axel de Fersen, son rôle au sein du couple royal
Axel de Fersen sera présent lors des terribles événements du 5 octobre 1789, qui débouchera sur le départ définitif de Versailles pour la famille royale le 6 octobre. Il est au plus près de la femme qu’il aime et continuera de servir de chevalier servant à la reine et à la monarchie française.
Le rôle politique de Axel de Fersen lors de la Révolution française
Durant les 4 années (1789 à 1793), le comte de Fersen va entretenir une correspondance diplomatique avec la reine et le roi de France afin de les guider sur ce qui est dit à l’étranger et sur ce qu’ils devraient faire. Il écrit les lettres qui devront être envoyées aux différentes cours d’Europe comme l’Autriche (pays natal de la reine), l’Espagne, la Suède, le Royaume Uni ou la Russie. Les lettres qu’il rédige sont dédiés principalement à la reine mais sont relues par les deux monarques. A la mort de Louis-Joseph de France le 4 juin 1789, Louis XVI est dévasté et se laisse emporter dans une dépression. Le roi n’est plus roi, il n’assume pas ses responsabilités et est vu comme étant un lâche aux yeux de nombreuses personnes, dont les cours d’Europe. Ainsi, Marie-Antoinette va prendre les devants et décider à la place de Louis XVI. Elle assume ses responsabilités de reine et les conséquences qui les accompagnent.
La fuite royale et l’arrestation à Varennes
Axel de Fersen réussira à convaincre le roi et la reine de s’enfuir afin de sauver leur peau. Il va mener un plan minutieux, minute par minute. L’amant de Marie-Antoinette était censé les accompagner sur un long chemin. Cependant, en sortant de Paris le roi, qui se prononce enfin, fait l’un des choix les plus désastreux : ordonner à Axel de Fersen de ne pas les accompagner plus loin dans leur fuite.
Pour quelles raisons ? Surement parce qu’il était l’amant de la reine de France, qu’il les guidait dans leur décision politique et qu’il était surement le père du futur Louis XVII. Le roi a voulu se montrer et s’affirmer, malheureusement la seule décision, qu’il aura prise, fut la mauvaise. Le comte de Fersen en bon militaire suivra les ordres à contre cœur et hésite même à revenir en arrière pour les conduire jusqu’au point qui avait été défini. Il s’en voudra toute sa vie de ne pas avoir désobéi.
Sources :
Livre : Marie-Antoinette et le comte de Fersen : la correspondance secrète de Evelyn Farr
Site : http://www.chateauversailles.fr
Merci beaucoup pour ce commentaire détaillé. En effet, la paternité peut-être remise en cause surtout lorsqu’il a été dit que les relations charnelles entre la reine et le roi étaient devenues presque inexistantes. Il y a une chronologie dans le livre qui montre les moments où Marie-Antoinette était enceinte, faisait des fausses couches et les moments où Fersen repartait pour une mission. D’autres livres sur MA ou d’autres articles sur mon blog traitent de cette dernière reine de France 🙂
Belle lecture,
Eh bien ! Très intéressant ! J’ai lu plusieurs livres autour de Marie-Antoinette mais c’est la première fois que je lis que la paternité de Louis XVI est mise en doute. Certes, ce n’est pas si étonnant que cela si on part du postulat que la relation entre MA et ADF est avérée (j’aimerais tant voir ce cabinet où ils se rejoignaient !!).
Merci en tous les cas pour ce très bon moment de lecture !