Qui est Nicolas Machiavel ? Tout au long de cet article, nous allons découvrir qui était ce personnage italien du XV/XVIème siècles et quelle a été sa principale oeuvre : Le Prince.
Qui est Nicolas Machiavel ?
De son nom italien, Niccolò di Bernardo dei Machiavelli, Nicolas Machiavel est né le 3 mai 1469 et est décédé le 21 juin 1527 à Florence, dite la République florentine. Il reçoit une éducation humaniste.
De 1498 à 1511, il occupe les fonctions de secrétaire de chancellerie à Florence. Il se verra confier, également, des missions politiques très importantes, où il se chargera des affaires étrangères notamment avec la France, l’Allemagne, l’Espagne. La Signoria de Firenze (Seigneurie de Florence / Gouvernement de Florence) demandera, ainsi, de lui la plus grande discrétion et la récolte d’informations spécifiques, telles que dessiner les caractères des rois et empereurs qu’il visitera afin de mieux décrypter leurs intentions.
En 1512, la Magnifique République tombe face aux espagnols. Nicolas Machiavel perdra sa fonction de secrétaire de chancellerie.
En janvier 1513, il sera soupçonné d’avoir participé à une conjuration et sera emprisonné et torturé.
En mars 1513, il sera libéré et prendra la rédaction du livre Le Prince, qui sera destiné à Laurent II de Médicis, afin de retrouver ses anciennes fonctions politiques au sein de Florence.
En 1526, il reprendra ses fonctions officielles.
En 1527, il décédera d’une péritonite. Il est enterré dans le caveau familiale des Machiavel à la basilique Santa Croce de Florence.
Le Prince : le traité politique
Nicolas Machiavel est le fondateur de la science politique moderne et on le note dans son livre, Le Prince.
Machiavel vit dans une époque où l’Italie est politiquement très troublé. L’Italie est riche mais divisé. Ainsi, de nombreuses guerres sont menées afin de conquérir telle ville ou telle région d’Italie, par telle puissance étrangère ou telle puissance interne.
Les grands lignes du livre Le Prince
La principale question du livre est : Comment prendre le pouvoir et le maintenir ?
Le Prince ou Des Principautés ? De son titre d’origine, De Principatibus, le traité de Machiavel se concentre sur les différentes principautés de l’Italie. En effet, dès le début de son oeuvre il définit les différents Etats : les républiques et les monarchies. Il ne s’occupera uniquement que des Principautés et de ses différentes variantes.
26 chapitres, le plan du traité politique :
– Chapitres I à XI : Les différentes types de principautés : comment les conquérir et les conserver
– Chapitres XII à XIV : Les questions militaires (conscription nationale VS mercenaires) en cas d’agression et de défense.
– Chapitres XV à XXIII : Le Prince avec son entourage et ses sujets, les qualités d’un prince… sous des conseils de Machiavel.
– Chapitres XXIV à XXVI : Conseils pour permettre de libérer l’Italie des barbares et d’unifier ce pays.
Vertù et Forturne, deux termes importants pour Machiavel :
– Vertù : c’est une force qui permet de conserver le pouvoir et de combattre la Fortune, les circonstances. Ici, il ne s’agit pas de chance mais de son caractère, de son talent, de sa ruse pour lutter contre la fortune, qui est trop fluctuante. Ainsi, la virtù est la volonté, la vaillance et c’est d’être opportuniste. La virtù domine la fortune et fonctionne de concert avec la fortune.
– Fortune : c’est le hasard, la chance face à la complexité des événements.
Il est à noter que Machiavel définit aussi « la nécessité » comme 3ème facteur de le l’avenir d’un Etat : l’ensemble des choses (ordre du monde, nature humaine) que l’on peut s’attendre à ce que les choses se déroulent selon certaines attentes.
La notion de moralité et d’Etat
On dit de Machiavel qu’il n’est pas moral et que « la fin justifie les moyens ». Cette dernière phrase est juste et ne vient pas de lui. Cependant, elle pourrait bien résumer Le Prince. Nicolas Machiavel est amoral, c’est-à-dire qu’il se place au-dessus de la morale ordinaire. Il souhaite garantir la paix d’un peuple.
La question de moralité
Comme je le disais plus haut, la fin justifie les moyens. Ce que vise Machiavel ce n’est pas la moralité mais bien la réussite. Pour réussir tous les coups sont permis. Comme César Borgia qui usait de différentes techniques afin de régner. En effet, il pouvait se lier d’amitié, s’en défaire, se réconcilier puis tuer la personne. Il a, également, utilisé
Ramiro de Lorca pour instaurer une politique sévère au sein de la ville avant que César Borgia ne revienne en « héros » en tuant sur la place publique de Césène ce tiran. Machiavel n’épargne pas non plus le fait qu’il faut parfois tuer les anciens princes pour assurer un bon gouvernement.
En quelques mots, il faut jouer beaucoup de l’apparence, dans le paraître pour arriver à ses fins. L’art de la dissimulation n’est pas donné à tous. César Borgia ou Alexandre VI ont su la manier en empoisonnant, par exemple, les personnes bloquant leur ascension militaire, politique et de richesse.
L’Etat
L’Etat en latin est « tenir debout ». C’est sur cette définition aussi que Machiavel s’appuie.
C’est le prince qui crée l’Etat. En effet, il est soit occupé à fonder l’Etat soit à le maintenir. Et pour cela, il existe trois facteurs, que nous avons définis plus hauts : la nécessité, la virtù et la fortune.
Armée de citoyens VS mercenaires : Machiavel conseille d’avoir ses propres citoyens au service du Prince plutôt que de solliciter des mercenaires, qui ne combattront pas pour les mêmes raisons (ex. : moins bons guerriers, tendent à leur propre grandeur en opprimant le prince ou les autres…).
Le peuple pour Machiavel est important car pour lui c’est la paix qui doit être maintenu.
Etre un prince
Les qualités d’un prince
Pour Machiavel, le prince ne doit pas être méprisé, ni détesté (notion de haine), ni montrer de faiblesse.
Il doit s’appuyer sur le peuple plutôt que sur les grands, qui ne les aideront au final jamais à croître.
Le prince doit combattre en homme et en bête. La notion de bête comprend la force du lion et la ruse du renard.
D’autres points clés sont définis par Machiavel, que je vous invite à découvrir.
Les noms des princes ou des personnages qui ont été cités et/ou inspirés Machiavel pour Le Prince
César Borgia, duc de Valentinois, qu’il a connu et côtoyé pour différentes missions, notamment au camp de César en Romagne. En effet, Machiavel s’est énormément inspiré du fils du pape Alexandre VI, car il fut un prince idéal. Il avait la virtù et la fortune et les armées auxiliaires, les mercenaires puis finalement ses propres armées. César était aussi très malin et rusé. Il savait manier l’illusion et gérer parfaitement son apparence. César Borgia fut le modèle et suscita (surement) l’admiration de Machiavel.
Nicolas Machiavel va également citer : le pape Alexandre VI (père de César et Lucrèce Borgia) qui chercha à donner le pouvoir à ses deux enfants et aussi à sa famille, à les enrichir, à leur donner des titres… Il voulait conquérir les Etats en s’alliant avec la France (Louis XII et César pour obtenir la Romagne) face à des Orsini et des Colonna, qui empêchaient l’Eglise de s’agrandir. Sforza, Syracuse, Jules II, Alexandre le Grand, Achille éduqué par Chiron, Marc Aurèle… ont été, aussi, cités.
A qui s’adressait Le Prince ?
C’était à Laurent II de Médicis, quoi qu’il aurait pu l’être à César Borgia afin d’unifier l’Italie et d’établir la paix. Machiavel désirait, également, retrouver ses anciennes fonctions.
Pour aller plus loin dans les œuvres de Machiavel
Nicolas Machiavel a écrit de nombreuses œuvres liées à la science politique dite moderne (dont il est le fondateur) telles que :
– Le Prince (1513)
– Discours sur la première décade de Tite-Live (1513 – 1520)
– L’art de la guerre (1521)
– Histoire de Florence (1521 – 1525)
– L’art de la diplomatie : La France et l’Allemagne – qui est plutôt des écrits rapportés de ses missions, qu’un livre qu’il a rédigé.
Sources:
Le Prince de Machiavel et son analyse aux Editions Folio
http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/logphil/auteurs/machiave.htm