Le 16 octobre 1793 à 12h15, Marie-Antoinette est guillotinée sur la place de la Révolution à Paris (place de la Concorde, aujourd’hui). Deux semaines environ avant ses 38 ans, la dernière reine de France mourut sur l’échafaud après un trajet en charrette de plus d’une heure vers la place de la Révolution.
Découvrons ensemble les deux derniers jours de Marie-Antoinette.
Un procès qui va durer deux jours : 14/10 au 16/10 1793
Le procès commence : 14/10/1793
Le 14 octobre 1793, le procès de la « veuve Capet » débute et durera deux jours. Elle comparaîtra devant une institution et non devant la représentation nationale, comme Louis XVI.
Le procès doit avoir des apparences de la légalité : 15 jurés, qui sont sélectionnés parmi les solides de la révolution et proches de Robespierre.
Deux avocats commis d’office : Chauveau-Lagarde et Tronçon-Ducoudray
Deux avocats commis d’office, Chauveau-Lagarde et Tronçon-Ducoudray, sont prévenus pour le lendemain.
Ils demandent à Marie-Antoinette d’écrire une lettre afin d’avoir accès aux pièces du procès. Elle refuse de s’abaisser à l’écrire, puis accepte lorsque ses avocats toucheront à la corde sensible : ne plus jamais revoir son fils.
Dans ce procès, ils jouent leur vie : un mot de trop, et ils seront aussi sur la liste. Comme marge d’actions pour défendre la reine de France : le rappel à la loi de la République.
Durant le procès
Chauveau-Lagarde parle en premier pendant deux heures. Il fait attention à ce qu’il dit, car il joue aussi sa vie. Il fera, ainsi, un rappel à la loi de la République pour défendre « ci-devant » la reine de France. C’est son unique marge d’action.
A 1 heure du matin, il sera arrêté et accusé de trahisons et d’intelligence avec l’ennemie.
Maître Tronçon-Ducoudray prend la place de son confrère et parle pendant 1h30. Il est un brillant orateur martelant qu’aucunes preuves directes n’a été apportées.
L’arrestation des deux avocats de Marie-Antoinette avait été décidée par la Convention avant l’ouverture des débats.
Ils sont arrêtés et fouillés. Tronçon-Ducoudray possède un médaillon et une adresse, que la « veuve Capet » lui avait donnés durant la plaidoirie de son confrère.
Le verdict
Marie-Antoinette pensait qu’elle serait surement exilée.
A 3 heures – Les jurés délibèrent.
A 4 heures – Le verdict tombe.
4 questions sont posées aux jurés et ils répondent oui à l’unanimité devant tout le monde :
1. Est-il constant qu’il ait existé des manœuvres et des intelligences avec les puissances étrangères et autres ennemis extérieurs de la République, lesdites manœuvres et des intelligences tendant à leur fournir des secours en argent, à leur donner l’entrée du territoire français et à leur faciliter le progrès de leurs armes ?
2. Marie-Antoinette d’Autriche (…) est-elle convaincue d’avoir coopéré à ces manœuvres et d’avoir entretenu ces intelligences ?
3. Est-il constant qu’il ait existé un complot et une conspiration tendant à allumer la guerre civile à l’intérieur de la République ?
4. Marie-Antoinette est-elle convaincue d’avoir participé à ce complot et à cette conspiration ?
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Marie-Antoinette rentre, ensuite, dans la pièce et le verdict lui est annoncé : la peine capitale.
Elle est condamnée à mort par décapitation : le 16 octobre 1793 à 11 heures sur la place de la Révolution. Saisie de ses biens.
Les trois chefs d’accusation retenus :
- Avoir épuisé le trésor national
- Avoir entretenu des intelligences et des correspondances avec l’ennemi
- Avoir tramé des conspirations contre la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat
Le jour de l’exécution : 16/10/1793
La dernière lettre, testament de Marie-Antoinette
Marie-Antoinette écrit sa dernière lettre à sa belle-sœur Elisabeth. La fameuse lettre, qui sera nommée par postérité comme étant le testament de Marie-Antoinette.
Cette lettre sera retrouvée des années plus tard sous la Restauration, avec la signature de Fouquier-Tinville. L’avait-il gardé ? On ne le saura pas. Elisabeth ne la verra jamais.
Les derniers moments à la Conciergerie
L’heure arrive. Elle doit se préparer pour aller à l’échafaud.
Elle demande à son garde qu’il sorte le temps qu’elle se change. Il refuse, il n’a pas le droit de la quitter des yeux.
Elle change son linge, trempé de sang. Selon ses biographes, elle aurait eu un cancer de l’utérus.
Elle porte une tenue blanche.
La dernière confession de Marie-Antoinette ne se fera pas. Elle refusera de se confesser auprès du prêtre, qui a été choisi par le tribunal Révolutionnaire : l’abbé Girard.
Vers 10 heures – Les 4 juges et le greffier du tribunal Révolutionnaire rentrent dans la cellule de la reine de France et lui lisent pour la seconde fois sa sentence.
On lui attache les mains dans le dos. Ses cheveux sont coupés afin de ne pas gêner la lame de la guillotine. Ils seront brûlés pour éviter qu’un culte se fasse autour de la reine morte.
De la Conciergerie à l’échafaud : Plus d’une heure de trajet
Vers 11 heures – Ils sortent de la pièce et se dirigent vers la cour de Mai, où l’attend son transport pour l’échafaud. Elle monte dans la carriole et sera placée de dos au conducteur et de face à la rue afin de voir le peuple. L’abbé Girard l’accompagne également.
A contrario, Louis XVI n’eut pas les mains attachées et obtint la voiture du maire pour le conduire à la guillotine.
De 11 heures à environ 12 heures – Le trajet de la Conciergerie à la place de la Révolution (anciennement place Louis XV et actuellement, place de la Concorde) dure plus d’une heure.
Marie-Antoinette garde la tête haute durant le chemin qui l’amène à l’échafaud.
La réaction du peuple est surprenante : un silence total. Le peuple ne l’insulte pas. Un sentiment profond se fait ressentir. Robespierre, qui craignait ce type de réactions, avait engagé un acteur habillé en garde nationale. Sur son cheval, l’acteur devait suivre la carriole et insultait la reine de France. Malgré cela, les marques de déférence, envers Marie-Antoinette, se notèrent tout au long du trajet.
Vers 12 heures – La charrette arrive la place de la Révolution, elle descend de la charrette et se précipite, court vers l’échafaud. Les biographes définissent cette action par l’émotion. Elle montent les marches et retombe sur le pied de son bourreau, Henri Sanson. Marie-Antoinette prononce ses dernières paroles :
Monsieur, je vous demande pardon, je ne l’ai pas fait exprès.
Son soulier resta sur les marches et fut immédiatement ramassé, puis vendu au comte de Guernon-Ranville.
Elle ne s’adresse pas au peuple.
A 12h15 – La tête de Marie-Antoinette est coupée.
Henri Sanson prend sa tête et la montre au peuple en prononçant ces mots :
Vive la République !
Sources :
Juger la reine de Emmanuel de Waresquiel
http://www.justice.gouv.fr/histoire-et-patrimoine-10050/proces-historiques-10411/le-proces-de-marie-antoinette-22697.html
Marie-Antoinette, ils ont jugé la reine (2019) de Alain Brunard
Le Figaro
Bnf.fr
Secrets d’Histoire
Exposition Marie-Antoinette, 2019-2020 à la Conciegerie