Carmen est une nouvelle écrite par Prosper Mérimée en 1845 et qui sera publiée en 1847. En 1875, elle sera adaptée en opéra-comique par Georges Bizet. Les retours ne seront pas aussi favorables que l’espérait le compositeur. Cependant, aujourd’hui, nous connaissons davantage l’opéra au nom éponyme que la nouvelle de Mérimée.
Qui est Carmen ?
Carmen, le prénom
Carmen est un prénom très répandu en Andalousie. On peut le noter, notamment, sur le nom des différentes maisons peuplant le sud de l’Espagne comme à Grenade.
L’origine de ce prénom provient du terme latin « carmen » signifiant « chant », « poème ». C’est également une référence à la Vierge Marie. Elle serait apparue sur le mont Carmel en Israël, où fut fondée la communauté des Carmélites.
Carmen, la nouvelle
Carmen est avant tout une histoire d’amour tragique et de jalousie amoureuse, qui se déroule en Andalousie (principalement à Séville, Cordoue et Grenade). Le monde des bohémiens dirige cette histoire et l’on va s’y laisser charmer aussi facilement que Prosper Mérimée ou Don José.
Cette nouvelle prend l’apparence d’un récit d’un voyageur, qui observe ce qu’il se passe. Il se laisse séduire par les villes de l’Andalousie, mais surtout par le charme des personnages originaux. Il a clairement envie de vivre plus dangereusement ou de vivre une histoire forte, car il court bras ouverts vers les personnes qui semblent de mauvaises fréquentations. Ainsi, lorsque son guide l’avertit que Don José est un voleur et est recherché, le narrateur ne l’écoutera pas et ira parler à ce voleur, manger avec lui et même lui sauver la vie.
Plus tard à Séville, il rencontrera Carmen. Tout comme Don José il se laissera charmer par ce regard noir, ce regard de loup et cette beauté. Il doit se douter au fond de lui que c’est une bohémienne.
Durant ses études, il avait appris quelques magies noires et la proposition de Carmen à lui lire les cartes, en faisait partie. Il se fera voler sa montre par la bohémienne et Don José, amant de Carmen, lui sauvera la vie à temps en échange du même service rendu plus tôt.
La protagoniste principale est une bohémienne d’Andalousie, qui possède la rare beauté des gitanes du sud de l’Espagne. C’est une femme au fort caractère, indépendante, fatale, diabolique, charmeuse, manipulatrice et maligne.
Ce qui séduit ces deux hommes, mais aussi les autres hommes, c’est son détachement vis-à-vis d’eux. Elle est la tête pensante du groupe des bohémiens. Sans elle, les contrebandiers ne se risquent à rien. Elle ramène l’argent et définit les plans. C’est une vraie chef de bandes, qui arrive à ne jamais se faire prendre. La manipulation de Carmen, la jalousie et possessivité de Don José mèneront à la perte de cette bohémienne.
La fascination de Mérimée pour les bohémiens
Une réelle fascination pour les bohémiens est née chez Prosper Mérimée, si bien qu’il met en exergue cette indomptable Carmen. Etait-il tombé amoureux d’une bohémienne ? On ne le saura pas. Toutefois, nous devinons qu’il a poussé ses recherches pour le monde des gitans, car le dernier chapitre de sa nouvelle leur est dédié. Il compare les bohémiens de l’Espagne et ceux d’Allemagne.
Le langage
Il partage au lecteur les quelques mots qu’il a appris, tels que :
– romé et roma : époux et épouse
– calé (noir) : un surnom qu’ils se donnent entre eux par rapport à leur teint, aux yeux et cheveux noirs… Les bohémiens d’Allemagne n’apprécie pas de s’appeler ainsi.
Il y explique que chacune des communautés de gitans a été influencée par la langue du pays où il se trouvait. Le dialecte a, ainsi, été modifié. Les gitans d’Allemagne et d’Espagne peuvent ne pas, réellement, se comprendre.
Toutefois, Prosper Mérimée souligne que certains mots sont restés en commun, tels que pani (eau), manro (pain), màs (viande) et lon (sel).
Il se fascine, aussi, pour les mots provenant de leur communauté et qui sont d’usage dans la langue française, tels que frimousse.
La physionomie
Il est certain que lorsque l’on s’est approché des bohémiens, on arrive de suite à les reconnaître et cela partout dans le monde. Leur regard de loup est l’élément distinctif.
Carmen de Prosper Mérimée
L’auteur prend le temps d’expliquer à quoi ressemble les gitans, mais surtout les gitanes. Celles d’Allemagne sont bien plus jolies que celles d’Espagne, qui sont « laides ».
A deux reprises dans Carmen, il décrit les bohémiennes d’Espagne :
1.Ainsi, au début de son livre Prosper Mérimée décrit, selon son récit, les critères de beauté chez l’espagnole. Elle doit remplir trente si ou remplir dix adjectifs, qui doivent être applicable à 3 parties du corps. Par exemple, avoir trois choses noires : les yeux, les cheveux et les sourcils ; ou trois choses fines : les doigts, les yeux et les mains ; et ainsi de suite.
La beauté de Carmen était différente. A chaque défaut ressortait une qualité plus importante. Elle avait la peau couleur cuivre, les cheveux noir bleui comme l’aile d’un corbeau et l’oeil bohémien.
En Espagne, un dicton dit : oeil de bohémien, oeil de loup ; ce qui signifie une bonne observation.
2. A la fin de son livre, il décrit les nomades en Europe et plus particulièrement les bohémiennes d’Espagne. Il les dévoile comme : « très jeunes elles peuvent passer pour des laiderons agréables ; mais une fois qu’elles sont mères, elles deviennes repoussantes. » Il décrit aussi leur saleté avec ces cheveux gras, que même des crins ne pourraient atteindre. Cependant, celles qui se dénotaient du lot aller danser dans les rues pour ramener de l’argent.
Pour conclure, la beauté d’un livre
Carmen est un beau récit qui dépeint les rencontres les plus inattendues, lorsque l’on sort de son cocon protégé ou de son quotidien.
Carmen est un beau voyage spatio-temporel. On sent vivre l’Andalousie et les villes de Séville, Cordoue et Grenade. On voit les scènes et on sent le côté rustique et la splendeur de ces villes.
Toute la beauté de ce livre naît du caractère indomptable d’une femme, qui sait faire chavirer les têtes. Un beau voyage et un beau récit que Prosper Mérimée nous laisse en témoignage.